Mon parcours.
Je suis juriste de formation. Je viens d’une famille de marins. Mon père, mes grands-parents, mes arrières-grands-parents, ça remonte vraiment à loin… jusqu’au XVIe siècle… où j’ai découvert des ancêtres cultivateurs-pêcheurs. Dans le Cap, toujours dans le Cap! Avec toujours la pêche, la mer.
Je suis passionné d’histoire maritime. À travers l’histoire familiale je me suis plongé dans l’histoire maritime locale.
J’avais une approche, disons ludique de la mer. Je l’ai encore d’ailleurs: je fais de la voile. Mais j’ai toujours dissocié le métier de marin des voileux. Pour moi ce sont deux mondes différents. J’ai beaucoup de respect pour les gens qui font de la mer leur métier.
Je continue à faire de la voile. Les sensations sont totalement différentes. C’est une passion que je pratique avec des amis, notamment l’été lorsqu’ils viennent ici. Je ne voulais pas me couper de ce plaisir-là. J’ai un bateau, ça fait plus de vingt ans que je l’ai. Un dériveur anglais en bois vernis, un fireball. Je possède également un catamaran de 18 pieds, c’est surtout de celui-là dont je me sers aujourd’hui.
La mer, c’est une histoire familiale. Mon père lorsqu’il faisait la pêche au thon, il partait dans l’océan indien durant trois mois et demi. Il a pratiqué cette pêche jusqu’au milieu des années 90, puis il a poursuivi sa carrière au commerce. Ça a forcément un impact en terme de vie familiale même s’il n’y a pas que ça… Bref… Comme beaucoup de fils de marins, j’ai été élevé par ma mère et je ne la remercierai jamais assez pour son courage au quotidien, le soin qu’elle a mis à m’offrir la meilleure éducation possible. Ma grand-mère maternelle a aussi joué un rôle considérable, je lui dois beaucoup.
Je pratique la pêche côtière. C’est la pêche que pratiquaient mes grands-parents ainsi que mes arrières grands-parents à Audierne. Enfin pas tous car mon grand-père maternel, Fanch Moalic, pratiquait la pêche hauturière. C’est une figure tutélaire pour moi, essentielle à ma construction personnelle et professionnelle. Son courage, sa force, son intégrité ont nourri mes rêves de mer et m’ont surtout permis de me déterminer sur ce qu’était un homme, un vrai. Il partait pour des campagnes de trois semaines, en mer d’Irlande, en Cornouaille anglaise sur un chalutier, l’hiver, il faisait les campagnes de thon à la ligne dans le golfe de Gascogne, il est même descendu jusqu’aux Açores à la fin des années 60… C’est grâce à cet homme que je suis aujourd’hui marin.
Je suis embarqué sur un fileyeur. À l’avenir, je pense m’orienter vers un ligneur. Un fileyeur pourrait me convenir également car cela amène de la diversité au niveau des prises et donc de la sécurité au niveau des prix.
La flottille côtière s’est fédérée autour d’un certain nombre de principes en termes qualitatifs, en termes d’exploitation des espèces. Ces conduites vertueuses ont rejailli sur toute la profession. Pas seulement sur les métiers de la ligne comme pour le fameux bar de ligne mais aussi sur les métiers du filet.
Bien souvent les pêcheurs sont montrés du doigt mais il est tellement aisé de les brocarder. Dans l’opinion publique, il y a tout un business du vert souvent très agressif dissimulant de gros intérêts privatisant le domaine public au mépris des professionnels de la mer… Avant toute cette législation verte, avant cette médiatisation, néanmoins nécessaire, les pêcheurs se sont entendus sur un certain nombre de principes de manière empirique.
Les marins toujours désignés comme des gens bourrus, impulsifs et mutiques… c’est un cliché qui est, bien souvent, loin de la réalité.
Ce qu’il faut aussi comprendre c’est les contingences auxquelles ils sont astreints… Aujourd’hui un marin qui veut survivre sur le port, il ne se contente pas de ramener son poisson comme il y a 40 ou 50 ans où finalement c’était plus «simple», il n’y avait pas de frein au niveau national, européen, c’était un peu l’anarchie, chacun qui avait un peu de sérieux, prenait un bateau, ramenait sa pêche et pouvait en vivre…
Aujourd’hui ce n’est pas du tout le cas, il faut être au fait de la législation européenne, on est tous astreints à des quotas. Les contraintes juridiques existent et heureusement qu’elles sont présentes notamment au niveau social pour l’équipage même si elles sont encore bien insuffisantes.
J’ai effectué une formation au Guilvinec au terme de laquelle j’ai obtenu un brevet de commandement, un capacitaire qui me permettra de patronner un bateau de pêche côtière.
J’avais un contact sur Audierne, un patron. Il n’avait pas de place lorsque je me suis présenté la première fois. Il m’a dit «je te tiens au jus s’il y a quelque chose». Il m’a rappelé quelques mois plus tard lorsque je terminais ma formation. «T’es courageux? T’es motivé? T’as pas le mal de mer?» L’entretien s’est déroulé de cette manière. Les preuves se font en mer et non à terre en usant de mots.
Je me suis retrouvé à bord avec des gens expérimentés… On fait des bourdes au début, il faut accepter d’en faire et s’accrocher… J’ai été bien accueilli, ils ont été généreux sur la transmission du savoir… il y a des moments où je devais les agacer par mon inexpérience! J’arrive sur un bateau, je suis totalement néophyte, ça leur fait perdre du temps de m’apprendre le métier.
Je ne suis pas unique – personne ne l’est d’ailleurs. Mais mon profil sort de l’ordinaire: j’ai effectué des études de droit, bac+5, évidemment ce n’est pas fréquent à la pêche. Quand je suis arrivé sur le bateau, mes collègues étaient un peu surpris par ma trajectoire. J’étais «issu» du milieu maritime par ma famille, mais tant qu’on n’a pas vraiment le pied sur un bateau, cela reste de la littérature… Il y a eu des questions, des remarques: «tu serais quand même mieux dans ton bureau plutôt qu’à te prendre des paquets sur un bateau!» «Nous on aimerait bien y être dans un bureau…». Mais je sais bien que tout ce qu’ils imaginent en termes de confort et de vie à terre les décevrait. Je pense qu’ils seraient malheureux, trop à l’étroit, prisonniers des conventions sociales.
L’idée qui est ancrée en moi depuis toujours est de faire quelque chose de bien, d’utile sur le port et pas ailleurs… Je suis beaucoup plus heureux sur l’eau, même si c’est éprouvant. Pour rien au monde je ne voudrais retourner à mon précédent travail. Je m’y plaisais à certains égards, notamment lorsqu’il s’agissait d’échafauder des stratégies juridiques. Mais la comédie sociale qui enveloppe ce milieu m’a définitivement résolu à lui tourner le dos. Sur un bateau la question des rapports sociaux est essentielle. On se trouve sur un espace réduit sans cesse en mouvement où les moments de labeur et de tension s’entremêlent des heures durant, même s’ils sont – heureusement! – entrecoupés par des moments de franche rigolade. Les éléments, la mer, le vent, la houle invitent à la modestie. Le bateau fait onze mètres de long sur quatre mètres de large. Cela peut paraître conséquent mais ça ne l’est pas. Lorsque l’on se retrouve en pleine mer avec du mauvais temps… la mer peut vite prendre une tournure peu accueillante…
Nous sommes cinq à bord. Nous partons à la journée. Il faut distinguer l’été et l’hiver. L’été, on pratique la pêche aux filets à raies. Les filets restent marner entre trois et cinq jours en mer. Nous faisons parfois plus de deux heures de route pour aller mouiller dans le suroît d’Audierne. Nous pêchons de la lotte, de la raie, du turbot mais aussi des crustacés (homard, langouste, tourteau, araignée). L’été nous appareillons vers trois heures du matin en raison des contraintes liées à la route et à l’ensablement du port. Les ventes se faisant avant dix-sept heures, il faut aussi respecter cette contrainte.
En gros: cinq heures/six heures on commence à virer les filets… (virer c’est remonter les filets). On pêche avec plusieurs jeux de filets disséminés sur différentes zones de pêche. Généralement l’été, on utilise trois jeux de dix filières. Une filière comprend vingt-cinq filets de cinquante mètres… on vire en moyenne dix filières par jour, soit plus de douze kilomètres…
Par principe la mer appartient à tout le monde. Mais il y a des usages «ancestraux», des poses propres à chaque navire. Chacun a son coin. En principe, n’importe qui s’installe devrait pouvoir poser ses filets où il veut… mais implicitement chacun respecte la zone de pêche du voisin… du moins en théorie! On arrive à s’entendre mais il y a parfois des conflits d’usage sur les coins qui sont pêchants… C’est très précis en fait. Si on ne mouille pas sur les bonnes roches, la pêche sera médiocre… cela demande une profonde connaissance du milieu…
L’ensablement. c’est un dossier brûlant en ce moment. Notre bateau a talonné il y a quelque temps, nous sommes restés bloqués à l’entrée du port avec notre pêche… Il est très difficile d’emprunter le chenal à certaines heures de la marée, à des heures où on passait facilement avant, ça devient compliqué à cause de l’ensablement. Le tracé n’a pas été entretenu de manière régulière… Avant, le désensablement se faisait de manière continue. Au niveau écologique ce n’était certainement pas idéal. Un collectif de riverains a commencer à protester… C’est un dossier délicat car si les pêcheurs entendent cette parole il faut aussi qu’ils vivent… Ces personnes se plaignent de nuisances mais lorsque l’on choisit de résider à proximité d’un port il faut en accepter les contraintes…
Cela devient compliqué de concilier tous les usages en raison notamment du développement du phénomène de gentrification. Aujourd’hui beaucoup de nouveaux arrivants veulent vivre dans l’idée d’une Bretagne éternelle, «authentique», pétrie par les traditions et complètement fantasmée. Cette vision est alimentée par l’industrie touristique qui a recours aux clichés les plus éculés auxquels nous, les pêcheurs serions censés nous plier pour notre salut…
Mais cette Bretagne, elle ne vit pas seulement les trois ou quatre mois de la saison estivale, allez disons six mois – d’avril à octobre… Nous travaillons ici toute l’année avec des valeurs et des choix de vie que nous voulons défendre. L’interface entre les marins et la population maritime est fondamentale…
Aujourd’hui sur le quartier d’Audierne, il y a environ quatre-vingts marins-pêcheurs exerçant à la côtière, ce n’est pas beaucoup. Quand on dit sur le quartier d’Audierne, ça comprend tout le Cap Sizun plus l’île de Sein. Il y a à peu près une quarantaine de bateaux – ligneurs et fileyeurs. Il y a eu une inflexion très nette des années 90 jusqu’au début des années 2000. Et là depuis une dizaine d’années les bateaux sont repris par des jeunes et la flottille est stable. Les tonnages débarqués également.
Ne jamais abandonner. il y a des jours où on a envie de lâcher… Lorsque l’on cumule neuf, dix jours d’affilée, il y a beaucoup de fatigue, ça commence à être dur. Départ trois heures du mat’ pour rentrer à quinze heures voire seize/dix-sept heures… Et le lendemain remettre le couvert… Tirer sur des kilomètres et des kilomètres de filets, les parer, éviscérer le poisson, bref naviguer…
Repos. Sur le bateau on se repose un peu quand on fait route-pêche, ou si on n’est pas de quart. L’été, c’est deux heures… il y a grosso modo deux heures pour faire la sieste… Au retour, sous réserve que le travail soit terminé, nous mangeons et il nous reste une heure pour dormir un peu avant l’arrivée enfin… quand tout va bien…
L’hiver, aux filets à lieus, nous avons moins de temps pour dormir mais nous partons plus tard: quatre heures, quatre heures et demie, cinq heures, car nous avons moins de route pour atteindre les lieux de pêche. C’est aussi plus physique: les filets sont beaucoup plus lourds et les conditions météo plus difficiles.
On a hâte de commencer, ça réchauffe… Quand on arrive la nuit sur le bateau, ce n’est pas très agréable, on sent vraiment l’humidité, le froid… il ne faut pas trop y penser en se levant… Rien ne justifie de se lever au milieu de la nuit, quitter son lit chaud pour aller sur l’eau, avec des odeurs de gas-oil, de poisson! Sachant que ça va remuer, qu’on va être mouillés… Quand le jour se lève, ça va déjà mieux…
Le lever de soleil, les éléments qui nous entourent, on y fait attention. Tous. Même les plus anciens. Tout le monde à un moment donné va porter les yeux sur un soleil qui se lève. Les couleurs sont extraordinaires surtout l’hiver. Il n’y a pas un jour où les couleurs, les lumières, les contrastes n’égayent pas l’œil, ça réchauffe le cœur, ça soulage un peu la peine. C’est un sentiment grisant d’être là au milieu de nulle part dans ces endroits fabuleux.
L’émerveillement c’est aussi quand on pêche un poisson qui sort de l’ordinaire: une morue d’une dizaine de kilos, un gros homard, une belle langouste… les dauphins qui nous accompagnent…
C’est sportif! Matelot ça demande une bonne condition physique. Les clichés des marins écumant les bars une clope au coin des lèvres ne sortent pas de nulle part mais ils édulcorent une réalité sociale que bien peu serait prêt à accepter.
Moi je fais pas mal de sport à côté. Je me force à aller courir même en période de pêche intense, j’y vais trois ou quatre fois par semaine. C’est important pour le corps et la tête.
On est toujours bringuebalés, on se cogne, on chute parfois.
Il y a des petits soucis, on se fait des chocs. On paye forcément un tribut, tous. Certains matelots ont passé la cinquantaine. La retraite est à cinquante-cinq ans… Les anciens marins commençaient à seize ans. Mes grands-parents ont commencé à treize. Ils ont eu la retraite à cinquante-cinq, ils ont continué encore après. Aujourd’hui il y a un marin sur le port qui a soixante-douze ans… lui c’est la passion qui le guide…
Ce n’est pas évident de déconnecter. On parle pêche, parfois on rêve pêche, c’est obsédant. En même temps il est assez difficile d’en parler à l’extérieur lorsque les amis t’interrogent: «alors ça s’est passé comment aujourd’hui?» Ça les intéresse mais comment restituer l’intensité des choses? Chacun a un peu des images d’Épinal… Le pêcheur laborieux… les romans, les films…
Retour à quinze heures, la journée commence… Oui, mais on a démarré à trois heures du matin! La vie sociale prend une claque, on a tôt fait de s’isoler.
S’il y a du mauvais temps, ça laisse plus de loisirs. Les périodes de temps libre se situent plutôt l’hiver. Il faut accepter ce rythme, cette vie.
Le travail de marin aujourd’hui n’est pas moins dur. Il y a la mécanisation, les vire-filets… Mais avant pour avoir la même quantité de poisson on posait cinq fois, dix fois moins de filets. Aujourd’hui on a multiplié le kilométrage, les champs de filets en mer… parce qu’il y a moins de poisson… et parce qu’il y a moins de bateaux aussi… Enfin il y a encore du poisson.
L’essence du métier c’est la vie en communauté à bord. À la côtière, cela se conjugue avec des liens solides avec la communauté locale.
Nous avons la chance d’avoir un port où les ventes sont bonnes. À la différence de certains ports voisins. Ici il y a une politique de valorisation du poisson… Nous respectons les rythmes biologiques, les saisons. Les marins-pêcheurs exerçant à la côtière sont des gens qui veulent vivre dignement de leur métier au pays. Cette vision pragmatique me plaît. Parce que le jour où il n’y aura plus ces marins, c’en sera terminé des valeurs qui ont façonné le Cap.
C’est la dérive folklorique, qui m’insupporte. Le traitement que les médias font de la pêche – Thalassa a sa part de responsabilité… des choses filmées de manière totalement linéaire, intemporelle. Des images interchangeables… C’est toujours la même part de l’environnement qui est mise en avant. Ce n’est pas du tout révélateur du métier.
Le métier de marin, ce sont des personnes qui ont un savoir impressionnant. Ce savoir non écrit s’est développé et s’est transmis de manière empirique grâce au courage de générations de marins. Faire que ce savoir perdure est un combat quotidien.
Quand je vois le port-musée de Douarnenez, c’est triste. C’est à se demander si on ne va pas devenir une réserve d’Indiens. Les pouvoirs publics souhaitent-ils réellement nous donner les moyens de notre subsistance? Il faut donner aux marins l’envie de continuer à faire ce métier, les valoriser mais au bon sens du terme.
Une fois qu’on aura tout aseptisé, le foncier va être très cher, mais ça n’aura plus aucun intérêt: juste des «bienheureux» résidant dans les anciennes usines, les lieux de travail reconvertis en villégiatures… Un grand parc d’attractions, une prison à ciel ouvert.
Moi j’ai peut-être la capacité à mettre des mots là-dessus parce que j’arrive plus tard, j’ai le recul. Ça fait quinze ans que je dis, la pêche ce n’est pas ce qu’en montre les médias… Au bout d’un moment, il faut arrêter d’en parler, il faut y aller.
Pour moi, c’était viscéral. Au bout d’un moment il faut toucher la matière.
Je partage beaucoup de ces points de vue avec un pote ligneur, l’idée d’une pêche responsable, sélective. Nous sommes de véritables amoureux de la mer, pas des fossoyeurs. On ne mesure pas l’importance de la pêche sur le territoire. Elle l’a façonné. Elle le façonne encore. À tout vouloir édulcorer…
Il y a encore d’anciens marins qui sont là lorsque nous débarquons la pêche. Certains travaillent à terre sur les filets. Il y a encore possibilité de discuter avec toutes ces personnes qui sont des puits de science. Quand elles ne seront plus là, il faudra que le fil se transmette…
Quelque chose est en train de se mettre en place. On revient à plus d’authenticité. Je suis confiant. Mais je me méfie du tourisme.
Un autre défi: faire en sorte que l’on soit le mieux armé possible face à la sauvagerie du marché, des intermédiaires qui trop souvent ont une politique des prix abusive, indigne, irrespectueuse du labeur qu’une journée de pêche représente.
D’une journée à l’autre, pour une même espèce, un même poisson, les prix varient de plusieurs euros. Pour qui? Pourquoi? C’est révoltant.
Il y a des moyens de valoriser à travers des circuits plus courts. Il y a d’autres moyens de transformer le poisson. La pêche que nous pratiquons c’est une pêche de riches. On nourrit, en général, des gens qui en ont les moyens. En règle générale, à partir du moment où on charrie une caisse de poisson dans le camion, qu’elle aille juste de l’autre côté du pont, ou qu’elle aille à Rungis à cinq cents kilomètres d’ici, le coefficient multiplicateur sera quasiment le même. C’est dommage d’avoir une flottille ici et que les locaux en profitent aussi peu. On pourrait par exemple faire une cantine de la mer, avec repas unique. Faire quelque chose de bon. Nous on vendrait notre poisson à un prix moyen à un restaurateur et lui aurait la garantie d’avoir toujours un poisson frais. Il ne faut pas se moquer des gens. Il n’y a pas que le profit. On a les moyens de vivre dignement. Le marché on ne passera pas outre. Mais il faut inventer d’autres choses. Le marché est tellement destructeur.