Devenir facteur
J’ai donné la parole à deux facteurs de mon village qui ont souhaité participer ensemble à la conversation. M. est toujours en exercice; L. a pris sa retraite depuis quelques années.
M: Ce métier, je ne savais pas du tout ce que c’était: j’étais secrétaire comptable avant. Je préparais un autre concours, j’ai vu une annonce dans le journal. J’étais en congé parental, je me suis dit, tiens ce serait bien, je ne travaillerais que le matin, l’après-midi je serais avec mes enfants. Au départ c’est pour ça. Mais bon, je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que c’était moins fatigant. Tu es quand même moins fatigué quand tu fais ta journée de huit heures dans un bureau. Je peux comparer parce que j’ai fait les deux. Ceci dit, tu as des avantages aussi en tant que facteur. Autrement je ne serais pas restée! Tu as des contacts avec les gens.
À Paris
J’ai passé le concours parce que je ne savais pas qu’on pouvait être auxiliaire à la poste! J’ai passé le concours puis je suis allée à Paris. Apprendre mon métier. Tous les titulaires commençaient par aller à Paris pendant… ça dépendait. Selon la situation familiale.
Donc tu es dans un bureau à Paris. Tu commences par accompagner un autre facteur. On t’explique. Tu restes à Paris environ un an. Si ça se passe bien, tu te fais titulariser. Après tu fais tes fiches de vœux. J’ai eu de la chance, il y en a un qui est parti à la retraite ici. J’ai été mutée juste à côté de l’endroit où j’habite.
Je me plaisais à Paris. Je rentrais tous les weekends. Il y avait les enfants. Le deuxième avait deux ans quand je suis partie. On l’a envoyé à l’école. La première fois que je suis rentrée, il ne me regardait plus.
L: Ca n’a pas dû être facile pour toi?
M: Non ce n’était pas facile. Maintenant les gens quand il s’agit de partir, ils disent «nous on a nos enfants…» bon… Je n’étais pas la seule dans mon cas… Je ne regrette pas.
On finissait le vendredi midi, je reprenais le train le dimanche soir. Le train de nuit. J’arrivais juste pour aller au boulot. J’avais de la chance, mon boulot était à côté de Montparnasse. J’étais en foyer. À Montrouge.
L: Moi je devais passer le concours aussi, mais il fallait aller à Paris. Ça ne me disait rien. Alors comme j’avais déjà une demi-retraite de la marine… J’ai suivi des cours. Cinq ou six leçons le soir. Après il y avait un examen. On a été reçus. Je reçois le papier qui dit «vous êtes reçu. Vous serez titularisé à condition d’aller dans la région parisienne. Ou à Strasbourg». Ils auraient dû me le dire avant, dire les conditions…
Affectation
Je suis revenue ici au bout d’un an. J’avais 35 ans. J’étais prioritaire parce que j’avais mes trois enfants. C’est là que j’ai connu L. On a travaillé ensemble pendant 15 ans. L. était déjà là.
L: Moi j’étais là depuis 68.
M: Il y avait six facteurs à la poste ici. Six et un rouleur.
La tournée
L: Quand j’ai pris, moi, en 68, on était huit. Et il n’y avait pas de voiture à l’époque. On faisait tout à pied ou en mobylette. En mobylette pour la campagne. Les voitures sont venues en 72. En mobylette ou à vélo.
M: Moi je fais toujours à vélo. Ça ne me gêne pas de faire du vélo, je trouve ça très agréable. Mais beaucoup préfèrent être en voiture. Tu n’as pas le même contact si tu fais ta tournée en voiture. À vélo tu croises beaucoup plus de gens.
L: Actuellement le contact a disparu. Je vois les facteurs comment ils sont maintenant. Nous on restait, même trop longtemps. Je restais discuter.
M: Moi pour ma tournée, j’ai beaucoup de retraités. Tu vois la porte qui s’ouvre. Il y en a qui me guettent!
L: Dans le temps il y avait les mandats. Vous rentriez dans la maison. Il fallait donner de l’argent. On discutait en même temps. Des mandats il n’y en a plus maintenant. Il faut aller au bureau. J’ai vu avoir 25 mandats par tournée. Partir avec 25 mandats. C’était quand même plus dur que maintenant, non?
M: J’en ai un petit peu à la maison de retraite. Des petits mandats. Je les laisse au secrétariat. Ce sont des petites sommes. Et puis j’ai la résidence des personnes âgées aussi. Moi j’aime assez ce contact avec les gens.
L: Toi c’est différent, tu es déjà un peu plus âgée, disons. J’ai discuté avec des gens. Ils disent que le facteur, on ne le voit presque plus. Quand je pense comment on restait des fois! Tout d’un coup on demandait l’heure… J’aimais bien discuter. Quelquefois on m’a fait la réflexion… Les gens me disaient: – Mais ton remplaçant, il est une demi-heure avant toi… Alors je répondais: Moi ça fait 25 minutes que je discute avec toi… J’aimais ça, moi, c’est sûr.
M: À partir du moment où le courrier est distribué, pour l’administration le reste n’a pas beaucoup d’importance. Du moment que tu n’as pas de réclamations. Moi j’essaye de trier rapidement. Au bout d’un moment tu as une certaine cadence, donc tu pars assez vite. Et c’est vrai que les gens t’attendent. Il y a des gens finalement qui ne voient que toi. Je vais chez une grand-mère, elle me dit: je ne vois que toi. Elle ne sort pas de chez elle. Je lui apporte et je lui emporte son courrier.
L: Des nouvelles de décès souvent on nous demandait.
M: Ça par contre je ne donne jamais.
L: Parfois je me suis fait avoir. Deux ou trois fois.
M: Tandis que moi je ne dis rien. Même si je sais, je ne dis rien. Je préfère.
L: Une fois quelqu’un me dit qu’une personne était décédée. En fait elle était bien vivante, la personne. c’est lui qui se trompait. Il avait mal compris. Moi je vais plus loin, on me dit, alors quoi de neuf? Je raconte que madame Machin était décédée. Ils ont téléphoné au mari. Alors là j’aurais mieux fait de me taire…
Organisation
M: On démarre à 7h10, le tri général. Le courrier arrive dans des containers. Le tri général dure une demi-heure, puis tu classes ta tournée suivant ton itinéraire. Maintenant il y a une partie du courrier qui arrive triée par tournée. En principe, plus tard, en 2009, tout devrait arriver trié dans l’ordre de la tournée. Le tri préalable par tournée, qu’est-ce que c’est? C’est encore une suppression de personnel…
L: Ça fait gagner du temps.
M: Oui, tu gagnes du temps, et tu as plus de courrier à distribuer. Tout ça est dû aux normes européennes. Le tri se fait mécaniquement. Pour le moment ici il n’y a qu’une petite partie qui est triée. Tu as quand même un plan déjà défini. Moi je fais parfois des petits écarts mais j’ai un plan. On va te demander plus en distribution. Je ne sais pas si j’aurais fait ce métier aujourd’hui. Supprimer du personnel, toujours. Pour eux c’est la rentabilité.
L: Avant on finissait vers 13h30 la tournée. À la campagne surtout, ils attendent le journal. Pour les avis de décès. Une personne m’avait dit, pourquoi tu n’inverses pas? On arrivait toujours chez elle vers 13h, 13h30. Elle aurait voulu qu’on commence par chez elle. Le départ et l’arrivée n’étaient pas loin. Mais tu ne peux pas inverser ta tournée.
M: Quand tout est classé, tu pars. Moi je n’emmène pas tout mon courrier, je fais des dépôts. J’ai deux dépôts. Un facteur qui vient en voiture m’amène mon courrier aux dépôts. Comme ça je le prends là-bas. Et puis je continue ma tournée. Quand tu as des recommandés, des collissimo, tu vas voir les gens. Il y a une autre tournée qui ne fait que les paquets. Il n’y a pas très longtemps que c’est comme ça.
Aujourd’hui
À la poste maintenant, les services sont séparés. Il y a la banque postale et la distribution. La banque est à part. Ce qu’ils veulent, c’est séparer complètement. Je ne sais pas si c’est bien. Ils veulent que le courrier soit distribué le plus rapidement possible. Ce qui les intéresse, ce sont surtout les gros clients: La Redoute et tout ça. Les cartes postales, les cartes de vœux, tout ça ça a baissé. C’est normal, c’est une évolution du métier. Est-ce que c’est bien ou mal, je n’en sais rien. Aujourd’hui ce sont plutôt les pubs… Les pub, c’est fou ce qu’il y en a. Tu as quand même du courrier mais moins. Il y a le service chronopost, qui est privé. Quand ils distribuent leurs chronopost, ils ne restent pas traîner chez les gens. S’il n’y a personne, ça revient au bureau de poste, c’est aux gens de venir chercher.
Recrutement?
Ça a beaucoup changé. Tu n’as plus de concours à la poste. Tu n’as pratiquement plus de fonctionnaires. Nous on est quand même cinq. Mais tous ceux qui viennent maintenant sont des contractuels, des gens qui sont pris d’abord pour distribuer les pubs. Ça marche par ancienneté. Si on n’a plus besoin d’eux on les renvoie. Puis on les rappelle. Quand ils ont fait les pub pendant un certain temps, ils peuvent passer à la distribution si on a besoin d’eux. Les contractuels ne passent pas par Paris… Maintenant de toute façon c’est terminé: on ne va plus à Paris. On fait comme si le métier de facteur n’exigeait aucun savoir-faire particulier. Tout le monde peut distribuer le courrier.
Aujourd’hui le recrutement n’est plus le même. On va embaucher quelqu’un parce qu’il y a un besoin sur une tournée quinze jours, trois semaines. Donc on va faire un contrat comme çà. Après, bon, il va rester à la maison pendant un certain temps, à lui de se débrouiller. Si c’est un jeune qui est motivé, il va chercher autre chose. Il va peut-être être rappelé. Il va faire des remplacements sur plusieurs bureaux. Et finalement il va peut-être avoir un poste. Mais ce n’est pas évident. Finalement ces gens là, ils ne sont pas formés. C’est à toi de les former. Ce n’est pas tout à fait normal non plus. Il aurait fallu au départ qu’ils aient une formation. Tu imagines, on te met là, devant un casier de tri, tu n’y connais rien… Ceux qui embauchent ne semblent faire aucune différence entre celui qui sait faire son métier et celui qui débarque.
Pour une maladie, si c’est un jour, on ne remplace pas. Le travail n’est pas fait. Ça peut arriver que le courrier ne soit pas délivré parce qu’il y a un malade. C’est une tournée à découvert. On appelle ça «à découvert».
Il y a toujours une personne qui est tournante. Mais c’est pour les congés. C’est prévu, son planning est fait pour les congés. Il y en a un autre qui fait les RTT, le planning est prévu aussi. Si jamais il y a un malade, on peut te rappeler.
L.: C’était laborieux à une certaine époque… quand un facteur tombait malade, ne pouvait pas venir… En été encore on trouvait, des vacanciers, des jeunes, il fallait les instruire un petit peu. Moi comme je connaissais bien toutes les tournées… il n’y en avait pas beaucoup qui connaissaient toutes les tournées… C’est moi toujours qu’on appelait… Au bout de deux ou trois jours je disais, je veux bien donner un coup de main à un jeune qui arrive. Mais il fallait rester une demi-heure de plus minimum. On a sa propre tournée à faire aussi… c’est vrai j’ai vu discuter là-dessus, quoi. Comme je n’étais pas titulaire, le receveur pouvait me faire faire deux tournées… et encore les gens trouvaient à redire. On finissait à je ne sais pas quelle heure… mais je pense que les gens ne se rendent pas compte… Deux tournées, ça fait beaucoup. Deux tournées en vélomoteur.
En équipe
L: Tout en faisant le tri on racontait des petites histoires…
M: Ce n’est plus du tout la même ambiance. Souvent ceux qui sont là ponctuellement c’est «le plus vite je pars, le plus vite je rentre chez moi…» Il faut voir aussi que toi tu ne peux pas aller aussi rapidement. Parce qu’il faut quand même tenir dans le temps. Moi je ne peux pas me permettre de foncer comme une dingue. J’ai mon rythme.
Mais bon il n’y a plus de concours. Il y a une fille qui était contrôleur et qui maintenant est avec nous. Elle ne se plaisait plus au guichet. Elle a demandé à changer. Il y a un garçon qui était mécano à la poste à Paris. Ceux-là, ils ont quand même gardé leur grade.
L: La retraite ça fait à peu près la moitié de ce que tu gagnes en activité: 50%. Si tu es titulaire, tu auras 80%. Moi comme j’ai la retraite de la marine, ça va.
Discrétion
M. Je ne suis pas très observatrice. Il y a certaines personnes qui vont remarquer: «tiens, telle maison, tel truc a changé…» Tandis que moi, non. Je discute avec les gens. Mais te dire comment ceci, comment cela, là je ne fais vraiment pas attention. Tu peux me demander comment c’est chez untel, je ne pourrai pas te le dire.
Une fois j’avais un carnet de chèques à donner à une personne, je l’ai donné à la fille, je n’ai pas le droit, mais je connaissais bien. Ensuite, je vois la mère, elle me dit: «tu as bien fait. Tu as vu que j’allais être grand-mère?» J’ai dit non. J’avais discuté avec la fille, je n’avais rien remarqué. Non, je ne regarde pas – franchement.
Les gens dans l’ensemble sont sympas, je trouve, avec les facteurs. C’est-à-dire que je les connais seulement un peu. Juste ce qu’il faut! Je n’habite pas sur mon lieu de travail. C’est vrai que tu finis par te faire une idée des gens d’après le courrier que tu leur distribues!
En ville, c’est différent. À Paris, je ne connaissais personne. C’est totalement différent. Tu as des concierges, tout ça.
Les histoires…
L: Quelquefois c’est délicat. Un coup j’avais moi aussi un carnet de chèques, pour une jeune fille. Elle n’était pas à la maison. Sa mère me dit: «Donnez, ma fille va rentrer à midi.» Je lui aurais peut-être donné, mais il y avait un accusé de réception. L’accusé de réception retournait à la banque. Alors j’ai dit non. Elle n’a pas compris ça. Vous vous rendez compte: si la signature n’est pas conforme, que ça retourne à la banque, qu’ils font une vérification. Un carnet de chèques simple, d’accord, j’aurais fait. Si c’était juste la signature. Mais avec un accusé de réception…
M. Aujourd’hui ce sont les pubs qui sont prioritaires. Ces grosses boîtes, c’est un enjeu. C’est un enjeu financier. Il faut que ce soit distribué.
L: Dans le temps aussi les personnes âgées percevaient leurs mandats en liquide. Ça arrivait que ces personnes âgées soient à l’hôpital, laissant le fils ou la fille à la maison. Normalement tu ne donnes pas. Mais parfois tu connais bien la personne: «Ah si tu peux me donner, je lui remettrai quand elle va rentrer de l’hôpital», et patati et patata. Et si l’hôpital réclamait la pension? C’est arrivé une fois à un facteur qui faisait des remplacements pas loin d’ici. Il a donné à la nièce et, manque de chance, la dame est restée longtemps hospitalisée. L’hôpital a demandé où était passée sa pension. Par recoupement on a su que c’était le facteur qui donnait ça à la nièce. La nièce, elle avait gardé l’argent pour elle. Alors pour le facteur, ça a été la tuile…
Personnes âgées
Ici les personnes âgées attendent qu’on s’intéresse à elles. Je vois, à la Résidence, par exemple. Elles t’appellent parce que le courrier est intercepté par leurs enfants. Je trouve un petit mot pour passer voir untel. Ils me demandent des petites choses, ça leur donne l’impression qu’ils existent: «tu peux me commander ceci, tu peux me dire ceci». Je ne connais pas leur histoire, mais il y a ce lien avec eux. À midi il faut que je leur dise bonjour. C’est un peu comme des enfants, si tu dis bonjour à l’un, il faut dire bonjour à l’autre. Je ne suis pas obligée d’aller les voir. Des fois ça m’arrive d’aller dans la salle à manger – si j’ai un carnet de chèques, ou quelque chose comme ça. Ils sont contents, ils ont des choses à me dire, je prends mon temps. Parce que je crois que j’ai un peu pitié d’eux aussi – c’est surtout ça. Moi je trouve que quand on est vieux…
Sur la route
Le moment où je suis le mieux, c’est sur ma tournée. Sur ma tournée je suis bien, c’est clair. Je suis dans mon élément. Je suis bien quand je suis à l’extérieur, quand j’ai quitté le bureau.
L: À l’intérieur on discutait quand même, avec les facteurs, les collègues… on racontait nos petits machins: c’était bien.
Au guichet
M: Le guichet c’est différent. C’était un autre concours à l’époque. Maintenant il y a des remplaçants qui font les deux. Au guichet tu n’as plus de concours non plus. Au guichet, c’est la vente. Elles ont du chiffre à faire. Je ne sais pas si elles n’ont pas un pourcentage de vente à faire. J’ai une collègue, elle était au guichet. Elle a changé pour la distribution. Ça l’énervait d’avoir tout le temps quelqu’un derrière, une pression pour vendre. À la distribution elle se plaît. Sinon elles sont obligées de proposer: un prêt à poster, des enveloppes comme-ci… Moi je trouve ça un peu… Encore ici ça va. Mais il paraît que dans les gros bureaux… ça viendra ici aussi. Moi je n’aurais pas pu faire… du commerce…
Prévisions
Il y a des agences qui ont fermé. Ce sont surtout des guichets qui ont fermé. Il n’y a plus de receveur ici. Il est parti. Pour l’argent c’est au bureau principal.
Au service général aussi il y a des suppressions de postes. Tout est informatisé. Tout ça c’est centralisé je ne sais pas où. La distribution pour le moment c’est toujours ici mais à plus ou moins brève échéance ce sera là-bas aussi, je pense. Des facteurs je pense qu’il y en aura toujours.
L: La poste ici a été construite en 69-70. Avant il y avait un bureau rue Laënnec, là où il y a eu l’imprimerie ensuite. Heureusement qu’il y a eu la construction. Sinon on partait.
M: De toute façon ça va encore changer. Pour les tournées, comme il y a plus de courrier en fin de semaine – les grosses boîtes savent que les gens ont du temps le weekend pour regarder leurs offres, elles envoient plutôt en fin de semaine – ils mettent une autre personne seulement pour la fin de la semaine.
Il y aura des facteurs qualité, facteurs ceci, facteurs cela… une nouvelle hiérarchie. Ça va être assez difficile de travailler en équipe parce que chacun a sa manière de travailler: celui qui est rapide, celui qui est minutieux. On ne peut pas demander de changer.
En plus ceux qui organisent, ce sont des gens qui n’ont jamais fait de distribution. Ils ne connaissent rien. À la limite celui qui a commencé par la base et qui grimpe, il peut se rendre compte…
Les vélos
C’est comme pour les vélos. Mon vélo à moi est très léger. Là ils sortent des nouveaux vélos, vachement lourds, avec frein à disque… Le vélo me sert surtout à transporter mon courrier. Je le pousse, donc moi je préfère un vélo léger.
L: Moi au départ, de 68 à 72, j’ai fait pendant 4 ans ma tournée à vélomoteur. C’était à ma charge, tout: essence, réparations. Je n’avais rien du tout. Normalement j’aurais dû faire ma tournée à vélo. Ça faisait quand même 35 km tous les jours. Quand on ne crevait pas en route encore! Oh quel désastre quand vous crevez! J’ai vu crever en pleine campagne. La roue arrière en plus. Là, c’est la catastrophe. On ne sait plus comment faire. J’ai vu crever au phare du Millet. J’avais trouvé un copain pour me dépanner, je me rappelle… Et puis c’est beaucoup 20 minutes, une demi-heure pour réparer: tu perds toute ta journée. Fallait trouver le trou, trouver de l’eau pour mettre un machin et tout…
M: Maintenant c’est quand même différent: tu as le garagiste qui vient tout de suite. Ils ont un contrat avec une boîte en dehors de la Poste. Avant il y avait un garage PTT. Moi à mon avis tout va être privatisé. Tu sais, une fois que les derniers fonctionnaires seront partis… C’est l’esprit du privé, déjà. Maintenant qu’il n’y a plus de concours, si tu veux rentrer à la Poste tu peux t’inscrire. Ça dépend si tu connais le receveur… Il y a des gens qui ont quand même des CDI mais ce n’est plus la fonction publique. Les derniers concours datent de, je ne sais pas moi – peut-être 5 ans. Ils sont contractuels. Ils n’ont plus les avantages qu’on avait.