Ce site est consacré à des descriptions de travail. Le travail avec lequel on gagne sa vie, ou une autre forme de travail, parce qu’on n’a pas forcément de travail rémunéré – on l’a perdu, on a choisi de ne pas en avoir, on fait autrement...

Les descriptions sont nées de deux façons: soit leurs auteurs ont entendu parler du projet et m’ont envoyé un texte, soit je me suis rendue moi-même auprès d’eux pour solliciter leur contribution.

Je laisse parler la personne aussi longtemps qu’elle le souhaite. J’essaie de me taire. J’enregistre. Je transcris ensuite ses propos. Je lui remets le texte écrit et nous en discutons jusqu’à trouver la forme sous laquelle il apparaît sur ce site.

Ma position n’est pas celle d’un sociologue ou d’un journaliste: je n’étudie pas, je ne cherche pas la chose intéressante, je ne synthétise pas – j’écoute et je transcris en restant au plus près des propos tenus.

Christine Lapostolle

J’écris depuis longtemps. Des livres qui se situent entre témoignage et fiction – des rêveries qui prolongent le spectacle de la vie. Le spectacle vu de l’intérieur, forcément. Le spectacle dans lequel nous sommes tous bon an, mal an, impliqués.

Dans l’école d’art où j’enseigne, je m’occupe du matériau langage, j’incite les autres à écrire, à faire attention aux mots... Les écoles d’art sont des lieux où l’on peut prendre le temps de la rencontre, des lieux où l’on ne se lasse pas de chercher comment transmettre, comment regarder, comment se parler, comment faire...

Ce site est un troisième pan de ce que je cherche avec l’écriture; ici l’expression de ceux qui participent et la mienne se rejoignent, je prête ma plume à des gens qui à travers leur parole mettent à disposition leur expérience.

Le blog que j’ai tenu sous forme d’almanach tout au long de l’année 2008 est consultable ici.

J’ai aussi travaillé en duo avec Karine Lebrun à l’élaboration du site 13 mots dont l’initiative et la forme lui reviennent.

Remerciements et contact

Je remercie tous les auteurs de descriptions ainsi que ceux qui ont contribué à la réalisation de ce site et ceux qui le fréquentent.

Le design de ce site a été réalisé par Gwenaël Fradin, Alice Jauneau et David Vallance en hiver 2018.

Si vous souhaitez, vous pouvez me contacter ici ou vous inscrire à la newsletter pour être averti de la sortie de nouvelles descriptions.

Tri par:
Date
Métier
Pascale, marathonienne 12.07.2021
Je suis enseignante dans le primaire. Je fais de la formation auprès des enseignants. Je me déplace dans les écoles. Comme j’ai un peu …
Violaine, épicière, équicière 01.02.2021
C’est une épicerie familiale qui était tenue par Angèle jusqu’à ses 85 ans. Ses parents l’avaient tenue avant elle. Quand elle est décédée, ses …
Éric, garagiste 22.12.2020
Le garage a ouvert en mars 2018. J’ai réussi à me salarier en août. Les gens réparent eux-mêmes leur véhicule et je les accompagne. Ce n’est pas …
Éric, artiste 04.05.2020
Je suis artiste et enseignant. Enseignant dans une école d’architecture. Artiste plasticien. Mon temps de travail, si on ne parle que de …
Yoann, futur ex-directeur culturel 14.04.2020
J’ai commencé à travailler pour cette structure il y a 17 ans. J’étais assez jeune, j’avais 23 ans. J’avais collaboré auparavant avec un …
Philippe, rentier homme de ménage 10.02.2020
J’exerce une curieuse profession, dont je serais bien incapable de donner le nom. Elle a un côté chic, puisque je suis propriétaire de trois …
F., Masseur bien-être 22.10.2019
Le nom du métier c’est «masseur bien-être». Il s’agit de massages à visée non thérapeutique. Le terme de thérapeutique est réservé aux …
Zéti, au marché et aux fourneaux 02.03.2019
Je travaille en tant que commerçante. Petite revendeuse pour commencer. Dans le coin. Je vends des bijoux. Des perles significatives, parce que …
Line, libraire 06.01.2019
Être libraire, c’est avoir un dos solide pour transporter les colis, tous les matins, avoir un bon cutter pour les ouvrir, les ouvrir avec …
Thomas, marin pêcheur 04.04.2016
Mon parcours. Je suis juriste de formation. Je viens d’une famille de marins. Mon père, mes grands-parents, mes arrières-grands-parents, ça …
P.L., président d’université 02.09.2015
Comment on devient président d’une université? Dès que tu entres à l’université comme enseignant-chercheur, tu consacres une partie de ton temps …
Js, maçon par intermittence 14.12.2014
Je me pose beaucoup de questions sur le monde du travail , sur ce que j’y cherche, ce que j’y trouve, sur ce qui me donnerait un peu de joie. Ça …
D., directrice d’école d’art 03.06.2014
Je n’ai pas toujours été directrice d’école d’art. Il y a des directeurs qui ont été prof. Artistes, de moins en moins, il doit en rester un ou …
Barbara, scénariste 08.02.2014
J’écris des films et des séries pour la télévision . Au fond, j’entre dans la maison des gens pour leur raconter une histoire. Pour moi, dans …
P., médecin spécialisée VIH 11.11.2013
Le métier de médecin, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. Même si j’ai autrefois pensé à faire de l’ethnologie – c’était plus …
Julie, hôtesse de l’air 02.08.2013
Mon premier vol. C’était en décembre, il y a presque douze ans. Je travaillais pour la compagnie Star Airlines . Nous étions une centaine de …
Arthur, vie extérieure 17.06.2013
Je ne dirais pas travail. Pas occupation. Je dirais que je n’ai pas d’occupation. Mais beaucoup de... de préoccupations. C’est avant …
Michel, psychanalyste 21.02.2013
Préambule. Longtemps, j’ai eu quelques difficultés pour répondre à la sempiternelle question: – Vous êtes psychanalyste, quel métier …
Annie, chercheur(e) 16.09.2012
Chercheur(e) – Je n’arrive pas encore à habituer mon œil à ce (e). Bien que, dans mon métier et dans ma vie, je revendique ce qu’il signifie: …
Benoit, pianiste 26.05.2011
Ça va faire dix ans cet été. Je vivais au Havre. J’étais marié, j’avais deux enfants, ils avaient sept et dix ans et on a acheté une maison ici, …
Françoise, houspilleuse locale 17.02.2011
Depuis que je ne travaille plus au journal , évidemment mes journées sont moins structurées qu’auparavant. Apparemment. Ce qu’il y a de …
Jean, maire 21.11.2010
Au quotidien, dans une petite commune comme la nôtre,  on a la chance d’avoir  un secrétariat de mairie ouvert six jours sur …
Mathilde, institutrice 19.08.2010
Travailler avec des petits Depuis quelques années, je fais classe toujours au même niveau: à des CE1, qui ont 7 ans. C’est un âge que j’aime …
M et L, facteurs 20.03.2010
Devenir facteur J’ai donné la parole à deux facteurs de mon village qui ont souhaité participer ensemble à la conversation. M. est toujours en …
Jean-Yves, éleveur de chèvres 06.02.2010
Les chèvres , je vais les voir plusieurs fois par jour, je suis obligé. Parce que des fois elles se sauvent malgré la clôture. J’ai 22 chèvres …
Marylou, auxiliaire de vie 17.12.2009
C’est très  difficile à raconter . Je fais des gardes de nuit à domicile. Je dors chez les personnes. Ce sont des personnes qui ne peuvent …
Sylvie, chanteuse russe 24.08.2009
J’aimais beaucoup les  contes russes  quand j’étais petite, mais comme il n’y avait pas de russe à l’école, je n’ai pas eu l’occasion …
Marijka, cinéaste 14.05.2009
Mon travail consiste à imaginer des histoires et à les réaliser en images et en sons. Il y a plusieurs temps très différents dans ma vie …
Jean, professeur de philosophie 30.01.2009
J’enseigne dans un lycée, à Montpellier. J’ai 43 ans et 14 années d’enseignement. Travail Il s’agit de  donner des instruments de travail …
L’activité de kinésithérapeute 20.08.2008
Le centre est un établissement privé, de 80 lits dits «de suites et de rééducation». Il fonctionne avec un prix de journée assez bas par rapport …
Les tourments d’une lycéenne 07.07.2008
De la difficulté de s’orienter… des couloirs du lycée au couloir de la faculté. Paris, premier septembre 2006: C’est la rentrée des classes, …
Martine, muséographe 17.03.2008
Mon métier c’est  exposer . Une histoire, une collection, un morceau de territoire, un thème, même. Je m’occupe des contenus d’une …
Éric, potier 15.01.2008
(Nous habitons le même village, nous nous voyons presque tous les jours. Nous nous sommes servis d’un magnétophone…) C’est un travail qui …
Je travaille dans une chaîne de cafés 03.10.2007
Recherche de la définition d’une «non-situation» (pour qu’elle en devienne une) d’une étudiante en philosophie, étrangère, qui travaille dans …
Christine, prof d’histoire de l’Art 20.06.2007
Tentative de description de la situation de professeur d’histoire de l’art dans une école des Beaux-Arts J’enseigne dans une école des …
Un quotidien 13.03.2007
J’ai deux métiers!! Par chance(?), je travaille à la maison. Le matin, après avoir conduit mon époux au travail, j’allume mon ordinateur …
Virginie, graphiste 02.11.2006
Je suis  graphiste – je fais aussi de la direction artistique. J’ai 39 ans. Je vis à Paris. Je travaille depuis 1991, soit 15 ans.  …
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L’activité de kinésithérapeute20.08.2008

Le centre est un établissement privé, de 80 lits dits «de suites et de rééducation». Il fonctionne avec un prix de journée assez bas par rapport au niveau de soins proposés, remboursables à 100% par la sécurité sociale. Les soins sont comptabilisés, pour que la sécurité sociale soit informée du volume d’activité du centre, et que soit à terme accordée une nouvelle tarification.

Une visite d’accréditation de l’Agence nationale d’accréditation des établissements de santé est prévue pour décembre 2006.

Le panorama des chambres et des locaux de rééducation est magnifique.

Le patient

Le centre n’accueille que des patients internes. Les patients font un séjour au centre de 15 à 45 jours en moyenne. La durée est déterminée suivant d’une part leurs pathologies, et la nécessité de soins prolongés qui en découle, et d’autre part par leur degré d’autonomie, qui leur permettra le retour au domicile, avec l’aide de leur famille ou non, avec parfois des aménagements du domicile.

Le séjour du patient pourra se terminer également par un placement en maison de retraite.

Le centre est un établissement dont on doit sortir avec une récupération maximum de ses possibilités de motricité et d’autonomie. On peut sortir du centre avec moins de possibilités qu’avant l’accident ou la maladie, mais parfois les mêmes possibilités, ou plus.

Le patient arrive en général d’un établissement hospitalier, où il a été admis pour une intervention chirurgicale, consécutive à un accident ou une maladie, ou plus rarement de son domicile, en prévision d’une intervention, ou pour un traitement de fond.

Le patient arrive dans un état physique dégradé par l’accident, l’intervention ou l’hospitalisation et l’inactivité qui en découle, il est souvent déstabilisé par les changements de structure d’accueil, il peut être porteur de handicaps divers, de pathologies dites annexes, qui vont être évaluées et prises en compte par l’équipe dès son entrée.

Le plus rapidement possible, parfois dès le premier jour, il va avoir une prise en charge kiné, avec bilans, prêt de matériel (fauteuil roulant, cannes, déambulateur), définition d’un projet, et prévision du traitement, en collaboration avec une équipe d’ergothérapie, et suivant les prescriptions d’un médecin rééducateur.

Le personnel

Nous nous connaissons tous, au moins par le nom et la fonction, il y a pas mal de turn-over dans le personnel soignant.

Personnel administratif, personnel lié à l’hébergement et aux repas, gouvernante, personnel de maintenance, d’entretien.

Personnel médical soignant: médecins, infirmier(e)s, aides-soignant(e)s, stagiaires infirmier(e)s et aides soignant(e)s, manipulateur radio, surveillante. Certains ne font que du travail de nuit, le personnel soignant des services travaille par laps de temps de 12 heures, incluant des pauses.

Équipe de rééducation: kinésithérapeutes et stagiaires, ceux-ci pratiquent la kinésithérapie sous le contrôle d’un kiné par stagiaire, le kiné étant responsable du patient confié au stagiaire, d’une part, et de l’apprentissage par le stagiaire des bonnes pratiques de la kinésithérapie, d’autre part. Pas de brancardier.

Ergothérapeutes, éducateur sportif, ostéopathe, cadre, conseiller technique.

Nous travaillons par journées, de 8 heures 30 à 12 heures 30, et de 13 heures 30 à 16 heures 30.

Certains sont là 5 jours par semaine, donc 35 heures, une fait 4 jours (elle ne travaille pas le mercredi), moi-même je fais 3 jours, en alternance avec un kiné qui fait 2 jours. Et les stagiaires sont là pour des périodes de 4 à 5 semaines, soit à plein temps, soit à mi-temps.

Une kiné les mercredis et vendredis après-midi.

Les patients sont donc amenés à passer entre plusieurs mains différentes, il est important qu’un kiné soit responsable de la conduite des traitements, pour chaque patient, même si une autre personne le remplace. Nous devrions être interchangeables, et assurer une communication suffisante entre nous pour maintenir un suivi des soins.

À part le conseiller technique, et le kiné qui travaille 2 jours, nous ne sommes que des femmes, les stagiaires kinés envoyés par l’école semblent être à parité égale.

Cela provient du fait que l’activité kiné est plus répandue en libéral, surtout chez les hommes.

Il est actuellement très difficile de recruter du personnel kiné.

Je gagne environ 16€ par heure, avec 29 ans d’ancienneté. J’ai 5 semaines de congés payés, la convention collective est appliquée à la lettre.

Les locaux

Les locaux de kinésithérapie orthopédique:

  • Gymnase équipé d’appareils, de barres parallèles, matériel de rééducation, et de 2 tables de massage.

  • Salle de massage et de rééducation individuelle avec 9 tables dans des box vitrés, opaques à claire voie, pour une certaine confidentialité du soin.

  • Une salle d’électrothérapie, avec 3 tables. Tout cela très bien équipé, avec du matériel entretenu, choisi en partie par le conseiller technique. Nous y travaillons tous ensemble.

  • Un bureau, commun à notre équipe kiné orthopédie, nous travaillons ensemble autour d’une table, sur nos classeurs, ou sur les postes informatiques. Même chose pour les ou ergothérapeutes.

  • Une piscine de balnéothérapie, avec un équipement très vétuste, sans douche ni pédiluve, mais où notre comité d’hygiène et de sécurité a demandé et obtenu l’utilisation de paillassons antiseptiques, et la mise au rebut du soulève-malade, qui était dangereux. Pour l’instant, n’accèdent à la piscine que les patients capables de déambuler et de monter les marches de l’escalier. C’est-à-dire peu de patients, alors que la balnéothérapie pourrait être bénéfique à beaucoup plus, notamment à ceux qui ne peuvent faire supporter à leurs membres inférieurs le poids de leur corps. La nacelle du soulève-malade doit être changée, et, l’an prochain, les locaux entièrement refaits, et le bassin reconstruit.

  • Locaux de kinésithérapie respiratoire: un gymnase spécifique pour le réentraînement à l’effort, équipé de vélos et tapis roulants, et une salle de massage et rééducation individuelle, ou ventilation dirigée, avec 4 tables dans des box.

  • Locaux d’ergothérapie: ils sont agréables, ils ont un peu l’aspect d’une salle de jeux, il y a une cuisine pour les mises en situation de la vie quotidienne, un atelier pour l’adaptation du matériel d’orthèses, de fauteuils roulants, la fabrication de mousses de confort ou de contention.

L’activité au quotidien

La prise en charge du patient est effectuée le jour de l’arrivée (J1), en principe avant 16 h (parfois plus tard): recueil succinct d’infos, prise de contact, obtention du matériel nécessaire, à J2, le patient est attribué à un kiné, suivant ses disponibilités, ses compétences, et, éventuellement la connaissance préalable de la personne. Le dossier est constitué par le kiné qui reçoit le patient (1 patient, 1 kiné, 1 dossier).

Il est composé de bilans, courbe d’évaluation de douleur (EVS), observations journalières, feuilles PMSI (comptabilisation du temps des soins, destiné à terme à la sécurité sociale) et est remis à l’infirmerie en fin de séjour. Les autres kinés y ont accès en cas d’absence.

Un planning est prévu, en collaboration avec les ergothérapeutes.

Nous devrions avoir de 8 à 10 patients par kiné, nous en avons en fait de 8 à 12, certains en acceptent plus, j’ai dit au kiné cadre que cela m’était impossible, à moins de faire des heures supplémentaires, pour des raisons de respect du patient tout d’abord, et des consignes d’hygiène et de sécurité ensuite. Cela n’a pas été mal reçu, il faut convenir qu’au-delà, le travail serait dangereux, mal fait, ou pas fait.

Le kiné recueille les informations concernant le patient, et les transmet par ordinateur aux services.

Les informations sont ainsi accessibles à tout le personnel soignant. Le kiné valide sur un des 3 ordinateurs du bureau les soins effectués, le plus souvent en fin de matinée, ou d’après-midi, parfois plus tard, si les prescriptions médicales ne sont pas publiées en temps réel, ou s’il n’a pas assez de temps.

Le planning du patient est détaillé, avec horaires, mais pas toujours respectés.

Les relations avec les autres services, et les médecins, se font par téléphone, mail, transmissions informatique, contacts directs en couloir, infirmerie, et chambres, et lors des réunions de synthèse (4 fois par semaine) Relations régulières et efficaces, suffisantes en ce qui me concerne.

Nous collaborons beaucoup entre nous, certains gestes sont à effectuer à plusieurs kinés, ou avec les ergothérapeutes, et puis il faut pouvoir assumer certains gestes en cas d’indisponibilité de l’un ou l’autre, il faut une très bonne communication.

Ma journée

J’arrive au centre en voiture, comme tous le monde, j’ai I50 m à parcourir dans le jardin, avant d’accéder à la pointeuse, proche de nos vestiaires, je suis toujours en avance, si je pointais en retard, on me décompterait le temps perdu, sans qu’une équivalence soit offerte avec le temps de dépassement en fin de service, ou bien il faut la négocier avec l’encadrement.

Dans le vestiaire, je me change entièrement, je ne garde que mes sous-vêtements, et je cherche une tenue propre sur des portants déposés par la société E.

J’ai quelques tenues à ma taille et à mon nom, je dois noter le soir la remise dans le sac de sale (La gouvernante L. s’occupe de tout le linge de la clinique, en relation avec la société E. Elle s’occupe aussi de la gestion des plateaux repas et repas du self, et de gérer le ménage.)

Je me rends ensuite dans mon service, kiné orthopédique, ou respiratoire, je peux travailler dans l’un ou l’autre, suivant l’effectif des patients de telle ou telle pathologie, et aussi l’effectif kiné, car certains ne savent pas ou ne désirent pas travailler en respiratoire qui est un secteur un peu spécifique, et peu connu. En ce moment, je suis au 2e étage, en orthopédie.

J’ai la clé du bureau, des salles de kiné, et de la réserve de matériel. Je suis donc au 2e, et j’ai la vue sur la plaine, et au loin les collines. Le service est vitré du sol au plafond. Pas très bon pour l’isolation thermique, mais tout ouvert à la mi-saison, et facile à aérer.

J’ouvre toutes les salles, et l’ordinateur du bureau, je consulte le courrier en arrivée, le journal des transmissions, et le plan de soins de chacun de mes patients, en fonction éventuellement des évènements. J’essaie de planifier ma journée, et celle de mon stagiaire, si j’en ai un. Je prépare du café, mes collègues arrivent, tout juste après moi, et on échange bavardage et informations. Je rattrape les tâches de validations ou de retard de papiers qu’aurait pu laisser le kiné qui alterne son planning avec le mien.

J’accueille mon (mes) stagiaire(e). Je leur demande comment s’est passée la journée de la veille, et on se distribue les tâches.

Puis, je vois arriver mes premiers patients, ceux qui se déplacent seuls dans le centre, et qui sont autonomes du point de vue de la toilette, c’est-à-dire les plus anciens, nous nous connaissons déjà bien. Chacun se lave les mains avant et après la séance. Nous aussi, à chaque nouveau contact avec un patient. La séance commence individuellement, par un entretien, en général pendant le massage, qui comprend le plus souvent une évaluation de sa douleur.

Celle-ci nous est demandée au quotidien, le plus souvent, elle est faite, mais pas transcrite en temps réel, sauf changement en + ou en -. J’essaie de ne pas oublier la douleur morale, qui, elle, n’est pas cotée. Puis mobilisation, exercices, techniques de rééducation, tout cela évolue au jour le jour. Je dois pouvoir voir les patients individuellement, et aussi les faire travailler seuls sur des appareils, ou à l’aide de matériel spécifique, ainsi, ils prennent en charge une partie de leur traitement.

À 9 heures 30, mes premiers patients sont installés à une activité, ou alors ils participent à un atelier que j’anime, pour la rééducation des membres inférieurs. C’est une sorte de cours de gym collective de réadaptation, qui s’adresse à tous, avec des exercices variés, adaptés à tous les stades d’autonomie. Moi-même, je fais tous les exercices avec eux, et je les corrige individuellement. Les patients participant à ce cours sont le plus souvent très volontaires, ils sympathisent entre eux, s’encouragent mutuellement, il y a des fous rires collectifs, et des moments très émouvants. Il y a une large fourchette d’âges, et de milieux socioculturels,

Et face aux maux du corps, ils sont très solidaires.

Je reprends mes patients à 10 heures, il faut aller en chambre chercher les moins autonomes. Quelques explications aux stagiaires, et vers 11 heures, ou 11 heures et demie, je vais dans les services pour les patients alités. J’ai entre 0 et 3 patients en chambre, ils peuvent être complètement alités au début, cela prend du temps, c’est de l’individuel. Puis assis au fauteuil, et on essaie de les emmener dans le gymnase dès que l’on peut, même pour 10 minutes. J’essaie de leur faire passer le cap le plus vite possible, ils peuvent être très réticents au début à l’idée même de sortir de la chambre, pour aller en rééducation, ou déjeuner au self.

Puis ils attendront ma venue, et un jour, ils arriveront seuls en fauteuil, et je leur demanderai de venir un peu plus tôt, et ils remplaceront au cours de gym les patients sortis, et ainsi de suite.

À midi, les patients déjeunent, soit en chambre, soit, dès que possible au self. Le service se calme, remplissage de dossiers, validations sur l’ordinateur, contrôle du travail des stagiaires.

Vérification de l’hygiène des tables et du matériel.

Je m’arrête 1 heure, je me change, je pointe, et je vais déjeuner.

Nous avons un self-service, celui des patients et du personnel, la cuisine est faite sur place, c’est très bon. Néanmoins, mes collègues ont leurs habitudes, certains préfèrent pique-niquer dehors. Il y a des pergolas sur une immense terrasse, et puis une zone gazonnée, certains s’y couchent pour dormir à l’ombre. J’aime bien le self, mais je vais aussi dehors, pour m’amuser avec les pique-niqueurs, c’est plus décontracté, il n’y a pas la présence des patients et de la direction.

À 13 heures 30, retour à la pointeuse, vestiaire, et service.

Une ou deux séances collectives de balnéothérapie sont programmées chaque jour, sauf incident technique. Nous nous relayons pour les animer.

C’est à la même heure qu’ont lieu les réunions de synthèse, avec les médecins rééducateurs, et le personnel de service. Nous y partageons nos informations et y prenons ou donnons des consignes.

L’après-midi passe très vite, j’essaie de reprendre les patients une fois au moins pour une activité. Avant de partir, mêmes tâches qu’à midi. Vestiaire, pointeuse, jardin, et voiture.

J’ajouterais que l’on nous propose des formations, et que nous devons participer aux réunions des différents comités de l’établissement. C’est du temps qui peut nous manquer auprès des patients, nous ne sommes pas forcément remplacés, il faut parfois jongler entre nous. Le personnel est «de bonne volonté», parfois on lui demande une charge de travail très importante, qu’il ne peut bâcler ou remettre au lendemain.

Le bât blesse lorsque la charge de travail est trop lourde, la qualité et la quantité des soins requises pour obtenir une nouvelle tarification reposent sur un personnel qui n’est recruté et payé qu’en fonction de la tarification actuelle. Certains n’apprécient guère le système.

Par contre, pour pérenniser l’entreprise, et obtenir une accréditation, des efforts sont demandés à tous niveaux, accueil, lutte contre les infections nosocomiales, contre la douleur, confidentialité, traçabilité, tenue des dossiers, lutte contre le tabagisme. Ces efforts sont bénéfiques pour tous, patients et personnel, la direction est obligée d’en tenir compte. L’accréditation nous permet d’évaluer nos pratiques, de les corriger si nécessaire.

L’entreprise est forcée de se plier aux critères de l’accréditation, et pas seulement aux critères de rentabilité.

Mais dans le monde médical, on recrute en permanence, ce qui donne un certain pouvoir à l’employé, qui peut faire valoir ses droits et ceux des patients, il ne se sent pas pieds et poings liés. C’est mon cas, et je ne me prive pas de faire connaître mon point de vue, d’autres peuvent rouspéter en silence, ou peuvent quitter le centre (pour aller vers le public, il y a moins de travail, et plus de congés, ce sont souvent d’énormes structures, avec d’autres inconvénients).

1 – Il y a plusieurs types d’établissements hospitaliers de suites: certains sont appelés centres de soins de suites et de rééducation (on les appelle couramment maison de repos), d’autres centres de rééducation fonctionnelle. Les centres de rééducation fonctionnelle sont également classés en différents types, selon les pathologies traitées, qui sont plus ou moins complexes et à chaque type correspond une tarification journalière. Un centre de rééducation fonctionnelle peut accueillir des patients en soins externes.

2 – La COTOREP: Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel

(Pour les personnes handicapées, c’est un organisme public très important qui fixe le taux d’incapacité, qui permet d’obtenir formation et allocations)

Cette description a été revue en février 2018

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