Le premier qui, à la veille de la Révolution, eut l'idée de composer un almanach politique, est un curieux personnage : Sylvain Maréchal. Enfant de Paris, avocat de titre seulement, et mettant au service des lettres une certaine facilité de style mêlée de quelque érudition, il voulait arriver à tout prix à une renommée quelconque. Il débuta par des essais de poésie légère, puis par des odes érotiques et par un dictionnaire d'amour, œuvres frivoles qu'il signa d'un pseudonyme galant : le berger Sylvain. Il avait obtenu, en 1781, la place de sous-bibliothécaire du collège Mazarin ; il la perdit quelques années plus tard pour avoir publié une parodie de la Bible, intitulée le Livre échappé du déluge qui fit scandale. Décidé à profiter de l'aubaine, Sylvain Maréchal écrivit en 1788 L'Almanach des Honnêtes Gens. Ce qui faisait surtout la nouveauté de cet almanach, c'était la substitution « d'honnêtes gens » aux saints et saintes du calendrier grégorien. A la place de saint Basile, sainte Geneviève, saint Gabriel, sainte Emilie, etc., on voyait apparaître Martial, Dupleix, Saladin, Santerre, Eudoxie, La Vallière, Agnès Sorel... Chaque mois était divisé en trois décades, et les cinq ou six jours excédant les trois cent soixante-cinq jours de l'année s'appelaient jours épagomènes, consacrés aux fêtes de l'Amour, de l'Hyménée, de la Reconnaissance, de l'Amitié et des Grands Hommes.

Nef
Les morts des cargo cults d'Océanie qui reviendront sur de magnifiques navires chargés de marchandises pareils aux navires géants des Blancs pour une nouvelle ère paradisiaque ne sont-ils pas les parias, et les fous que le Moyen Age envoyait voguer sur l'océan vers n'importe où, et qui auront fait le tour de la terre? Ceux de la la Nef des fous, Tristan "abandonné sur la mer infinie des désirs... au beau milieu de la déraison du monde"... - ou Guiguemar renvoyé dans son pays:
La nef fait voile à belle allure
Guiguemar pleure et se torture,

Problème
20 000 personnes: 5% sont unijambistes ; la moitié des autres vont nu-pieds. Combien de chaussures?

Je me trouve tout d'un coup dans un pays étrange

Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui parent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir