Je m'étais procuré d'abord les philosophes, qu'on m'avait refusés à Wolfsegg, c'est-à-dire le poison mortel, puis aussi, petit à petit, les livres de nos écrivains importants. Pour ces acquisitions j'avais procédé selon le plan précis que m'avait tracé mon oncle Georg, avais-je dit à Gambetti. Le premier volume que je me suis acheté, c'était Heinrich von Ofterdingen de Novalis, avais-je dit à Gambetti, le deuxième, je m'en souviens exactement, les Histoires d'Almanach de Johann Peter Hebel. De là à Kraoptkine et à Bakounine, il y avait encore loin, avais-je dit à Gambetti, à Dostoïevski, Tolstoi, Lermontov que j'aime par dessus tout.

Recette pour ne pas trouver un endroit que l’on cherche à voir en voyage.
Cet endroit peut être: un menhir, une cascade, une chapelle pré-romane, une grotte. Vous avez accumulé en désordre diverses informations: choses lues, récits d’amis, brochure de promenade émanant de l'office du Tourisme local, conseils de la dame de la chambre d’hôtes. Vous avez situé l’endroit sur une carte imparfaitement détaillée, et vous l’avez atteint non sans quelques disputes si vous êtes plusieurs. Le chemin n’est pas balisé, d’ailleurs il n’y a pas de chemin, ou plutôt il y a plusieurs chemins qui mènent 1) à l’arrière d’une ferme abandonnée, 2) dans un champ, 3) dans un autre champ, 4) nulle part. Vous réitérez votre Quête un peu plus loin, peut-être après avoir écouté les informations d’une personne parlant avec véhémence une langue que vous ne comprennez pas. Vous renouvelez l’opération aussi souvent que vous en êtes capable. A la fin de la journée vous aurez tout de même vu: deux écureuils, un marché de village où l’on vend des pêches si grosses et si juteuses que ce ne sont sans doute plus des pêches, un troupeau de chèvres, un drôle d’oiseau - vous aurez aussi goûté des mûres délicieuses.

Autour de Vaduz

À la Sainte-Rose,
Pour le travailleur, pas de pause