Almanach

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1. Le samedi 16 août 2008 à 16:44, par framboise

je fus par le fil et à la pensée à Tréogat, en terre/pays bigouden/ne aujourd'hui, donc dans le Finis Terrae des Latins, disons de nos Anciens. Je pense que c'est un pays plat. Peu de gens y ont le téléphone. Je ne sais pas si j'y suis déjà passée. Sans doute oui, puisque c'est au nord de Tréguennec. Les responsables de l'Annuaire téléphonique papier pages blanches n'y ont décelé aucune " manifestation ponctuelle" à nous signaler . Pourtant si Monsieur Le Cléz.. S. y rencontre Monsieur Zapa.. J., il y aura de quoi raconter au Taxi, qui est une dame à Tréogat.
Pas question de s'y rendre pour l'instant, il crachine dans la préfecture et on a trop de choses à faire en vacances pour musarder. En terre bretonne, on travaille. Quel dommage...

Pourtant il va falloir bouger pour faire les courses, et, raison de plus, parce qu'on annonce beaucoup de vent pour les trois prochains jours, donc tout le week-end et le lundi. Après il ne fera pas beau non plus. Finalement cela peut nous ragaillardir, nous vivifier la tête et les jambes tout ce vent en perspective. Ce sera très beau la côte, les galets, les maisons à l'abri derrière un repli de terrain, bien protégées par leurs massifs de fusains. On pourra chercher la trace de nos vieux, entre les muretins de pierres, au-dessus des fours à goëmon.

Tout de même, 112 km//h annoncés. Pauvres pêcheurs car la mer sera mauvaise, pauvres poissons car les cours seront hauts.

Et le soir à la veillée, guetter son tour à l'ordinateur pour lire et lire et lire l'Almanach de Madame Christine, et s'y réchauffer.

2. Le dimanche 17 août 2008 à 00:15, par Fantômette, la toute nomade

Pour répondre à la « commande » de l’almanach qui évoque à Fantômette quelque rédaction de l’école primaire à l’heure de la rentrée (« vous revenez de vacances, racontez »), elle, Fantômette, voudrait expliquer que la plus part du temps elle réside dans une contrée où les vacances sont permanentes, c’est le pays de ses chimères , sa chambre à elle, voire son cagibis, cabinet noir, dans un état d’anesthésie mentale où elle flotte comme doivent flotter ceux qui se droguent trop mais pas assez pour en mourir. C’est à dire comme ayant ingurgité une préparation en fiole d'argent, relevant d’une alchimie secrète, composée d’extrême acuité, virant le plus souvent à l’inquiétude, et d’indifférence tout aussi aigue. On dit de Fantômette qu’elle a un cœur de glace alors qu'elle est à la fois la glace et la hache qui la brise. Dans ce pays-ci, être en vacances, ici ou là, comme sur les plans d'orientation où il est écrit "vous êtes ici " alors qu’on est là, être ici c’est toujours être ailleurs. Il en est de cet état gazeux comme de ces transes tempétueuses qui parfois traversent la conversation et la font rugir. Ces moments où on se met à dire vraiment des choses, à moins que ce ne soient les choses qui vous murmurent leurs secrets à l’oreille, à parler au lieu de bavarder, à se mettre à penser de vive voix, parce que, soudain, l’aiguille du désir vous perce les veines, infiltre sa substance hallucinogène et précipite corps et âme dans un état qui n’est pas naturel. Ce désir qui n’est pas celui de plaire ou de convaincre, ni, encore pire, d’avoir le dernier mot, mais de lâcher les chiens en espérant que d’autres animaux de cette sorte rejoindront la meute. Chiens-loups s’entend, retournés à la sauvagerie d’où ils s’étaient provisoirement absentés. Au fait, Saint Loup ? Où êtes-vous donc en train de hurler ? Dans quelle tanière ? Faut-il envoyé quelqu’un pour vous délivrer d’un piège ?
Les vacances de Fantômette sont celles de la vacance perpétuelle. « A quoi tu penses ?» lui demandait souvent sa maman, un rien inquiète des absences de sa fille, ou alors jalouse, elle qui était toujours très occupée. « A la mort de Louis XVI », répondait Fantômette, ce qui avait le don de mette sa maman, pour une fois, hors d’elle. Plus tard, Fantômette reprendra à son compte une chanson du marin blond dans Les demoiselles de Rochefort : « Je pars en perm’ à Nantes », ce qui avait le don de la faire rire aussi fort que Delphine et Solange, les jumelles du film.
Alors Fantômette lira avec délice les éventuels récits de vacances des autres, car, si c’est bien écrit, (sinon, sans remords, à la corbeille!) ce seront ses vacances à elle, des absences nouvelles dans les inventions des autres. Car souvent quand Fantômette partageait des voyages avec d’autres, elle était sidérée au retour du récit que ses compagnons en faisaient en société, comme s’ils racontaient une histoire qu’elle avait bel et bien vécue mais pas du tout sur le mode épique qui leur semblait le seul acceptable, plausible. Et toi Fantômette, qu’est-ce que tu as retenu de ce long et beau voyage (en URSS, en Chine, au Pérou, dans le Massif central) ? Fantômette pensait « rien », en tout cas rien de spécial qui mérita qu’on en face un tel foin héroïque. Sinon qu’à Leningrad, il y avait un marin russe qui souriait en dormant sur le pont du croiseur Aurora ancré sur un quai de la Néva, que l’on respire mal sur le site du Machu Picchu et qu’une vieille indienne inca la ventila avec une feuille d’arbre, qu’à l’intérieur de la Cité interdite de Pékin, seule à l’heure de la fermeture et espérant que les gardiens l'oublient, elle déambula en nouvelle impératrice de Chine, qu’au pied du Puy de Sancy, elle colla son oreille au sol et entendit distinctement que là-dessous rien n’est vraiment éteint. Fantômette pense que ce n’est pas son existence qui est intéressante mais la vie qui toujours la dépasse.

3. Le dimanche 17 août 2008 à 18:23, par Célia

Samedi. Bricorama avenue Simon Bolivar. Paris 19ème arrondissement.

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