L'almanach, si simple qu'il paraisse à première vue, est cependant une manifestation de l'esprit qu'il ne faut pas laisser dédaigneusement de côté, car presque toujours la pensée populaire s'y trouve exprimée dans son originalité naïve et attrayante. C'est avec l'almanach qu'a été bercée l'enfance de nos pères; ce sont ses vieilles chansons qu'ont murmurées nos grand' mères; ce sont les légendes dont il a recueilli les récits, qui peuplent et charment nos souvenirs. Feuilletez un almanach, et l'imagination vous montre aussitôt les paysans penchés, le soir, sur ce grossier petit livre à couverture grise ou bleue, étudiant les pronostics des jours et des saisons, lisant avec une joie franche quelques anecdotes gauloises, ou se posant gravement le secret d 'énigmes faciles à déchiffrer. Quelle époque n'a pas eu ses almanachs? Quelle classe de la société n'a pas eu les siens ?. . .

Saint Saturnin, vulgairement appelé « saint Atorne » ou « Atourni, » est patron d'une église dans le diocèse de Liège. Tous ceux à qui la tête tourne, s'adressent à lui pour être guéris. Aussi croit-on qu'il ne faut pas filer son jour de fête, de crainte que les moutons, les brebis et les agneaux n'aient le cou tors .

Le pivert, que nous nommons l'avocat du Meunier, parce que nous croyons que l'un de ses cris appelle la pluie, annonce les crues d'eau qui font tourner les moulins, en criant le long des écluses ou des biefs : Pleue ! pleue ! pleue !, c'est-à-dire : Pluie ! pluie ! pluie !
L'alouette, qui s'élève en chantant vers le zénith, est souvent une âme qui se rend en paradis, et, si l'on s'en rapporte au savoir de ceux qui sont versés dans les langues ornithologiques, ce qu'elle chante en ce moment n'est autre chose qu'une prière qu'elle adresse à saint Pierre, et dont voici le sens :
Pierre, laisse-moi entrer,
Jamais plus ne faut'rai !
Jamais plus ne faut'rai !
Si l'alouette, après s'être perdue dans l'éther, ne reparaît plus à vos yeux, c'est qu'elle a été admise dans le séjour des élus. Si, au contraire, vous la voyez redescendre, faites bien attention à son chant ; vous ne lui trouverez plus l'accent contrit et suppliant qu'il avait tout à l'heure ; car l'alouette à laquelle saint Pierre a refusé l'entrée du paradis, parce qu'elle a trop péché, s'en revient en chantant d'un ton colère et dépité : J'faut 'rai ! j'faut'rai ! j'faut'rai !
Quelques-uns prétendent que l'alouette, en cette circonstance, chante tout simplement ce couplet philanthropique :
J'prie Guieu (Dieu), j'prie Guieu,
Pour le riche et pour le gueux.

Poisson d'or

Quan lo vin l'est terrià, te fat beire.