Un traité du IIIème siècle avant notre ère impute à Saturne la responsabilité de faire bouillonner la bile noire et de déclencher la folie. Au fil du temps, Saturne, planète-divinité sanglante, dévoreuse de chair crue, s'impose comme la planète emblématique des mélancoliques. A partir de la Renaissance, pour l'illustrateur d'almanachs populaires, comme pour l'artiste-graveur initié, faire le portrait de l'homme mélancolique revient à représenter "un enfant de Saturne".

Rêve de rêve de rêve
On dit qu'une nuit de novembre 1801 le poète Samuel Taylor Coleridge fit un rêve. Il conduisait dans les eaux froides un vaisseau qui se trouva peu à peu pris dans les glaces. Un albatros survolait le bateau ; les marins regardaient l'oiseau comme un signe d'espoir. Coleridge se résoud pourtant à se faire apporter un fusil, vise l'oiseau, espérant ainsi nourrir ses hommes. Au moment où il vise, le fusil pointé se change en arbalète, et l'oiseau tombe blessé sur le pont enneigé, dans une mare de sang. De cette mare de sang émerge une créature de mort, une femme squelettique et pâle qui tend à Coleridge un cornet de dés en lui proposant un marché: s'il gagne son équipage sera sauvé ; dans l'autre cas, la créature de mort les entraînera tous au plus profond des glaces. Coleridge lance les deux dés et fait le chiffre 11. Les marins qui se sont rassemblés sur le pont applaudissent. Après un long silence la créature funeste qui semblait perdue dans ses pensées lance les dés à son tour, il sort deux six. L'équipage dans l'instant disparaît et Coleridge s'éveille dans la brume d'un matin londonien.

Or, c'est une triste saison pour les pauvres bougres qui n'ont ni feu ni lieu. Patauger dans la fange noire des villes ou barbotter dans la boue gluante des campluches, — ça n'a rien de réjouissant ! Surtout que, trop souvent, le défaut de piôle s'accompagne du manque de croustille. Alors, les pauvres déchards sont lavés de l'extérieur et nettoyés de l'intérieur, — ils font ballon !

à l'aide

Un mur de son, en tout cas un mur dont certaines briques sont sonores...