Belles heures
Tandis qu'à l'aube de l'imprimerie les colporteurs distribuaient sur les routes d'Europe les premiers almanachs, finissait dans les châteaux et les demeures princières la belle tradition du Livre d'Heures...
Le livre d'Heures avait pris la suite du bréviaire et du Psautier. Pour la prière, pour suivre la messe et le déroulement du calendrier liturgique, les seigneurs un peu lettrés ou fortunés prirent l'habitude à partir du XIVème siècle de se faire faire un beau livre, plein d'images, où, à côté du déroulement du calendrier des saints, s'introduisaient le temps de l'année rurale et leurs désirs personnels d'images. Il n'existe pas deux Livres d'Heures semblables, l'illustration de ces livres mêle d'une manière jusqu'alors inédite le sacré et le profane.

Lutte des classes
Le temps était froid mais il y avait du soleil. De tous côtés ils arrivaient, par groupes ou simplement à deux ou trois, parfois seuls. Des écharpes, des parkas, des anoraks, des bonnets. Il y avait aussi des enfants qui rigolaient et qui battaient des rythmes sur des seaux en plastique jusqu'à les défoncer, agitaient des crécelles, utilisaient en porte-voix les plots coniques rayés de rouge et blanc qui servent à délimiter les chantiers sur la route, pour dire les slogans qui faisaient rimer la colère avec le nom de leurs écoles. Ils étaient venus de tous les coins du Finistère, en voiture, en car, en groupe, à plusieurs, ils brandissaient leurs banderoles, leurs bannières, leurs affiches, leurs placards. On lisait les beaux noms des villages: Lesconil, Landrévarzec, Fouesnant, Plogoff, Saint-Renan, L'ïle-Tudy... Ca ressemblait, moins le clairon, à un rassemblement pour une bataille des temps anciens. Fabriqués à la main, par les maîtres et les enfants, sur du carton, des vieux draps, des plastiques, peinturlurés, colorés de lettres grossières, les panneaux disaient: NON. Non à la femeture des classes. Non à l'abandon des écoles de villages. Les premiers arrivés étaient ceux de Bourg-Blanc. Ils avaient placardé leurs affiches sur les murs impeccables des locaux de l'Inspection. Sur les fenêtres aussi. Et les autre maintenant cherchaient des moyens pour faire tenir les banderoles et les panneaux sur la façade du bâtiment. A côté de cet aspect guerrier il y avait les conversations de gens qui se connaissaient de longue dates, les thermos de café et les petits gâteaux qui circulaient. On s'interpellait d'un groupe à l'autre et on disait les noms des villages de ceux qui n'étaient pas encore arrivés en se demandant ce qu'ils fabriquaient. C'était mardi dernier, dans une petite ville du bout de la Bretagne.

La lutte, l'amour

Peut-être voudrais-tu, dès la saison de Flore,
Prévoir ce que pour toi l'été va faire éclore ?
Regarde l'amandier reverdir tous les ans,
Et courber en festons ses rameaux odorants:
Abonde-t-il en fleurs ? par des chaleurs ardentes
Le soleil mûrira des moissons abondantes ;
Si des feuilles sans fruits surchargent ses rameaux,
Le fléau ne battra que de vains chalumeaux.