Laisse, laisse, imprudent, ces vaines impostures
Aux faiseurs d'almanachs et diseurs d'avantures :
Toy, chante de l'amour, pendant que la vigueur
Du jeune âge amoureux vit encore en ton coeur.

Le Lenz de Büchner
Le 20 janvier, Lenz partit dans la montagne. Sommets et hauts plateaux sous la neige, pente de pierres grises tombant vers les vallées, étendues vertes, rochers et sapins.
Aujourd'hui, dans le village vosgien de Waldersbach, l'écrivain Jean-Christophe Bailly devait lire Lenz, dont l'édition fut sa première contribution aux éditions Bourgois en 1974.
En écrivant Lenz en 1835, Büchner s'inspirait du poète Jakob Lenz, qui fut l'ami de Goethe et son inverse, emporté loin du monde par le démon de l'errance et de la rupture. Penché sur des abîmes que Büchner approcha lui-aussi. C'est le mot fulgurant qui va à cette nouvelle. On entend encore, des années après l'avoir lue, la neige craquer sous le pas tellement rapide du personnage. Un rythme, de coeur qui bat de plus en plus vite.
Il y a trente ans, Jean-Christophe Bailly éprouva le besoin d'aller une nuit à Strasbourg puis à Waldersbach, les lieux où se passe l'histoire, coller sur des panneaux électoraux des affiches qui reproduisaient les premières pages de Lenz.

Le vingt janvier 1837, de Zürich, Büchner écrit à sa fiancée: Tu apprendras d'ici Pâques à chanter les chansons populaires, tu veux bien ? On n'entend pas chanter ici ; le peuple ne chante pas et tu sais combien j'aime les femmes qui écorchent ou pleurnichent quelques notes lors d'une soirée ou d'un concert. Je me sens toujours plus proche du peuple et du moyen-âge, je deviens chaque jour plus lucide - tu chanteras ces chansons, n'est-ce-pas ? Je me sens à demi nostalgique quand je fredonne une mélodie...Le mois suivant, le 19 février, Büchner meurt, à vingt-quatre ans.

Oberlin ?

Vous riez du rêveur
qui voyait des fleurs en hiver ?