Affaires célestes
Voici comment Ovide explique l'apparition contiguë dans le ciel des constellations Corbeau, Hydre et Coupe, le 14 février, veille des Lupercales:
''Mon poème te dira la cause qui lie ainsi ces trois signes.
Un jour, Phébus préparait une fête annuelle en l'honneur de Jupiter (notre anecdote ne nous retardera guère) :
"Va, oiseau cher à mon coeur", dit-il au corbeau, "ne retardons pas les rites pieux, et apporte-moi un peu d'eau provenant d'une source vive".
Le corbeau, de ses pattes crochues, saisit une coupe dorée et l'emporte, s'envolant bien haut pour traverser les airs.
Un figuier se dressait, tout chargé de fruits encore verts ; le corbeau y porte son bec : ils n'étaient pas mûrs pour être cueillis.
On raconte que, oublieux de l'ordre reçu, il s'installa sous l'arbre, attendant que les fruits aient tout le temps de mûrir.
Une fois repu, il saisit dans ses serres crochues un long serpent, rentre chez son maître et lui fait ce rapport mensonger : "Voici la cause de mon retard, cet occupant des eaux vives, qui gardait la source et m'entrava dans ma mission".
"Tu ajoutes un mensonge à ta faute, dit Phébus, et tes paroles ont l'audace de vouloir tromper le dieu devin ? Désormais, tant que la figue laiteuse restera attachée à son arbre, tu ne boiras pas, toi, l'eau fraîche d'aucune source".
Il parla et, perpétuant ces souvenirs d'un fait ancien,
le Serpent, l'Oiseau et la Coupe, liés entre eux, scintillent au firmament.

Moustaches
Il existe à Porto une tradition, qu'on retrouve dans d'autres villes du Portugal et, depuis peu, du Finistère breton, du concours de moustaches.
Une soirée réunit tous ceux qui le souhaitent autour de la fameuse moustache, en hommage à l'époque révolue où le port de celle-ci obéissait à des règles d'élégance rigoureusement définies. En perspective de cette soirée toutes sortes d'imberbes, masculins, féminins, se laissent pousser la moustache. Les concours et les jeux s'organisent: la moustache la plus sobre, la mieux fournie, la plus élégante... boire de la bière sans laisser de mousse dans sa moustache, manger des spaghetti...tandis que chacun y va de son histoire de moustaches et qu'on vote pour la plus époustouflante. Il arrive souvent qu'un barbier soit associé à cette rencontre et que ceux qui le souhaitent se fassent raser sur place.''

Serments de Strasbourg
Nous fêtons aujourd'hui l'anniversaire de la fondation de la langue romane, pour ne pas dire de la langue française: le 14 février 842, deux frères - Charles (le Chauve) et Louis (le Germanique), petits-fils de Charlemagne, scellent, sur le champ de bataille, une alliance contre Lothaire, leur frère aîné.
Les deux armées, française et germanique, sont présentes. Et il ne faut pas moins de quatre textes, portés jusqu'à nous par la plume d'un certain Nithard, pour sceller l'affaire: Serment en français de Louis et serment en réponse des soldats français. Serment en langue tudesque de Charles et réponse de l'armée de Louis. Louis parce qu'il était l'aîné jura le premier, dans une lingua romana que nous pouvons presque comprendre: Pro Deo amur et pro Christian poblo et nostro commun salvament, d'ist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dift, in o quid il mi altresi fazet et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai qui, meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit.

Carolus Magnus

Au mois de février,
Chaque herbe fait son pied.