Les frères Grimm

Parmi les almanachs dont il paraît dans cette saison une foule innombrable, nous avons distingué l'année dernière l'Almanach des Muses, destiné à ramasser les pièces fugitives qui ont couru à Paris pendant l'année. Cet Almanach vient de reparaître pour la seconde fois ; mais la moisson de 1765 n'a pas rendu celle de 1763. Il n'y a que très-peu de jolies pièces, et le plus grand nombre en est pitoyable. Les plus mauvais poètes remplissent presque toute la place. Les compilateurs diront que ce n'est pas leur faute s'il n'a rien paru de mieux mais ils ont tort. Il était très aisé de mieux composer cette rapsodie, et vous avez lu, au fil de ces feuilles, nombre de pièces qui, sans être des chefs-d'oeuvre, avaient plus de titres pour être choisies que les platitudes de M. d'Arnaud, de M. Légier, de M. de la Dixmerie, de Madame Gibert et de M. Tricots et d'autres polissons dont le Mercure même ne voudrait pas conserver les productions...

Reliques

On peut contempler dans une vitrine du musée des Frères Grimm à Kassel, le porte-plume avec lequel Jacob apprit à écrire, et, dans une autre, l'exemplaire des contes de Perrault ilustrés qui agrémenta les soirées d'enfance des sept enfants Grimm.

Histoire de chasseur (2)
Un almanach prussien raconte qu'un chasseur, du nom de Michael Hulzögger, partit un jour d’été de l’année 1738 pour la forêt de l’Untersberg. Il ne rentra pas. On l'attendit, on le chercha. On conclut qu'il était tombé dans un gouffre ou s'était fait attaquer par quelque bête sauvage. Nulle part il ne reparut. Son frère, au bout de quelque temps, fit célébrer une messe à sa mémoire. Ses proches étant réunis à l'église eurent alors la surprise de découvrir que Hulzögger était parmi eux. Mais aux questions qu'on lui posa le chasseur refusa de répondre. Seul Lazarus Gitschner, disait-il, pouvait éclairer cette expérience. Lazarus Gitschner, un savant local versé dans les augures et la nécromancie, fit de l'aventure un commentaire si obscur qu'il qu'embrouilla davantage encore les esprits curieux. Quant au chasseur Hulzögger, il était devenu aussi silencieux qu'on l'avait connu bavard par le passé. La nouvelle de ce retour étrange s'étant ébruitée, l'archevêque de Salzbourg en personne vint pour rencontrer Hulzögger. Celui-ci déclara n'avoir rien dire au prince de l'église: il ne parlerait qu'en confession. L'archevêque ne livra pas les confidences qui lui furent faites sous le secret du sacrement. Il rentra à Salzbourg, démissionna de ses fonctions cléricales et mourut peu de temps après, dans une grande sérénité dit-on.

Agathe encore

Mieux vaut un loup dans son foyer,
Qu'un homme en chemise en février.