compléter, en attendant mieux, l'image du canard de Vaucanson

Epicycles, excentriques et concentriques
Tout ainsi que les femmes emploient des dents d’ivoire où les leurs naturelles leur manquent, et, au lieu de leur vrai teint, en forgent un de quelque matière étrangère... ainsi fait la science : elle nous donne en paiement et en présupposition les choses qu’elle même nous apprend être inventées : car ces épicycles, excentriques et concentriques, de quoi l’Astrologie s’aide à construire le branle des étoiles, elle nous les donne pour le mieux qu’elle ait su inventer en ce sujet... Considérons un peu ce qu’elle dit de nous-mêmes et de notre contexture. Il n’y a pas plus de rétrogradation, trépidation, accession, reculement, ravissement, aux astres et corps célestes, qu’ils en ont forgé en ce pauvre petit corps humain. Vraiment ils ont eu par là raison de l’appeler le petit monde, tant ils ont employé de pièces et de visages à le maçonner et bâtir. (Montaigne)

C'est aujourd'hui l'anniversaire (ce sont aujourd'hui les anniversaires) de deux pointures de la mécanique à l'orée de notre époque moderne : Jacques de Vaucanson pour les rouages horlogers et les automates, Wilhelm Grimm , pour la mécanique de la langue germanique et du conte. Le premier naît à Lyon en 1709, le second à Hanau (Hesse), 77 ans plus tard.
Vaucanson avait déjà à son actif deux automates célèbres, les joueurs "de flûte traversière", et "de galoubet et tambourin" quand Il présenta son canard mécanique en 1739 à un public choisi et enthousiaste, au nombre duquel figurait le jeune Diderot.
Quant aux contes de fées, on dit que les frères Grimm prirent moins souvent qu'on voudrait le croire leur bâton de pèlerin pour aller compiler sur les routes de Saxe et de Thuringe : Ils préféraient, parait-il, faire venir chez eux des jeunes bourgeoises de la ville de Cassel, qui leur racontaient des histoires féeriques en dialecte hessois.

Sur la vie artificielle du Canard de Vaucanson
"mangeant, beuvant, digérant & se vuidant, épluchant ses ailes & ses plumes, imitant en diverses manières un canard vivant". Cet automate de grandeur naturel avait été réalisé en cuivre doré avec des formes très simples. Le corps de l'animal était transparent pour que le public puisse observer la digestion. Chacune des ailes contenait plus de quatre cents pièces articulées, qui étaient installées, soit à l'intérieur du Canard, soit dans le socle sur lequel l'oiseau se tenait.

La lune des frères Grimm, (conte 87)

Février trop beau,
C'est comme un loup dans un troupeau.